Sinead Haight - Visiteuse

Nom : Haight
Prénom : Sinead
Âge : Vingt ans
Condition Sociale : Poétesse non publiée, sans noblesse.

Description (physique et caractère) :

Regard ébène et cheveux fous, Sinead promène sa silhouette peut-être trop frêle sur la lande écossaise, avec une nette préférence pour ces jours où, sans la gifler, le vent lui indique une direction connue de lui seul. C'est en tout cas ce qu'elle aime à imaginer. Son imagination est sans doute plus fertile que celle de la plupart des jeunes femmes de son âge, et bien certainement que celle des travailleurs aux dos voûtés, ployants, qu'elle croise lors de ses pérégrinations dans la lande. Cette vie intérieure constante et entretenue donne à son regard une intensité particulière. Ni mystérieuse, ni spécialement envoûtante, elle est vivante. Juste vivante.
Si elle n'est pas sans joliesse, elle est cependant loin de ses beautés de salon, propres à faire se pâmer tout homme bien éduqué. Son attrait à elle est simple, de ceux qui, sans fioritures, touchent l'âme ou pas - le deuxième cas étant le plus fréquent. Quoi qu'il en soit, déclencher compliments et regards voilés de désir ne l'intéresse pas. La société, dans son sens le plus mondain, lui est indifférente. Etre aimée d'un homme, oui, mais d'un seul, peu importe sa mise et son rang pourvu que sa perception soit sûre et son coeur sincère. Sinead est plus attirée par l'esprit que par le verbe. Si elle aime se vêtir avec soin, elle préfère les robes sobres et bien faites, qui la laissent courir sans retenue dans la lande, que les grandes tenues peu commodes et, surtout, tellement laides à son goût. Comment préférer, en effet, une robe pleine de falbalas, perles et choses au fond si vulgaires aux tons simples et francs d'une mise humble, au jupon vaporeux sous la robe peut-être trop lâche... Comment ? Non, décidemment, tout cela, Sinead l'estime bien trop surfait à son goût.

On pourrait croire que derrière tout cela se cache un peu d'orgueil et c'est peut-être le cas. Mais c'est avant tout la marque affirmée d'un goût pour la simplicité qui ne s'est jamais démenti. Aux parterres surchargés de fleurs, Sinead a toujours préféré l'arbre noir qui, presque mort, se penche vers la terre pour recueillir on ne sait quoi. Aux fleurs éclatantes, elle préfère les herbes folles et le chardon. Et c'en est ainsi de l'ensemble de ses goûts et de la manière dont elle dispose son existence, entre contemplation muette et exaltation brève, résultat d'une alchimie sans laquelle elle se sentirait perdue et sans utilité. Sans utilité... C'est pourtant ce qu'elle est, au sens social du terme. Si elle aime à composer des vers, ceux-ci restent sans éditeur - Sinead n'a jamais pris la peine de les présenter à qui que ce soit - et, sans noblesse et, pour l'instant, sans époux, elle vit aux frais de ses parents, membres de ce que l'on pourrait appeler la petite bourgeoisie. Et, dans cette inutilité quasi-constitutive, elle est appelée à demeurer : refusant les travaux manuels, qu'elle juge abrutissants, et les rares propositions de mariages d'arrangement, qui sont à ces yeux le stade d'avilissement le plus extrême qui puisse exister, Sinead demeure dans sa lande, plumes et feuilles volantes constituant la seule trace physique de son quotidien. Ses parents lui portent trop d'amour pour lui imposer une vie qui, ils le savent, la tuera - ne serait-ce que parce qu'elle y mettrait en ce cas fin par elle-même.
Si Sinead est intransigeante, elle n'est cependant pas dépourvue de douceur. Ses idéaux valent avant tout pour elle-même et elle ne cherche pas à les imposer aux autres, dont elle aime entendre le quotidien, les rêves et les fautes.
Elle est généralement polie et pleine d'attentions, bien que d'une réserve involontaire, un peu autiste, qui peut déranger certains adeptes de la conversation de convenance. Elle ne cherche pas à se faire valoir, mais aime à se faire aimer, pour peu qu'elle sente que l'estime de l'autre soit sincère. Au mensonge, elle préfère le silence, et aux bavardages la phrase qui fait sens.
C'est peut-être ce qui, en dépit de ses manières plutôt convenables, lui donne cette allure de jeune femme sauvage, au regard attiré par l'ailleurs.

How clear she shines ! How quietly
I lie beneath her silver light
Wile Heaven and Earth are whispering me,
"Tomorrow wake - but dream tonight -"