L'Office

(Désolé de prendre de l'avance sur logan mais j'ai envie de faire un peu avancer les choses)

[Le Hall]

Le prêtre entra dans la salle calmement et regarda autour de lui. Il put voir une table avec quelques couverts. Il se poussa de la porte pour ne pas gêner les personnes qui le suivaient et alla poser sa malette dans un coin de la pièce où elle ne gênerait personne. Il s'approcha de la table et attendit poliment que les autres invités surprises entrent et s'installent. Irvine avait vraiment hâte de pouvoir s'asseoir. Il y avait un petit quelque chose dans l'air qui réveillait sa toux et qui le fatiguait beaucoup. Ce n'était pas bon signe mais il n'était pas du genre à se laisser aller à la superstition.

"J'espère que nous ne dérangeons pas trop, je comprendrais très bien que notre arrivée impromptue pose problème."

La voix grave et calme du prêtre avait emplit la pièce à l'attention de Logan. Irvine avait de nombreuses questions mais il allait devoir se montrer patient. C'était déjà une chance d'être entré dans la demeure après une arrivée aussi à l'improviste. Il regarda attentivement toutes les autres personnes et attendit que chacun prenne place avant de s'asseoir à son tour.

[Le Hall]

Per eu un mouvement de recul involontaire en voyant le prêtre.
Il s'était toujours senti mal à l'aise en présence de ce genre d'ecclésiasitque, et cet homme là le rendait particulièrement nerveux.
Tout en regardant autour de lui pour éviter de croiser son regard, il s'assit au hasard sur la première chaise qu'il rencontra.

Cet endroit avait vraiment une atmosphère étrange, chargée de souvenirs, la même que dans certains endroits réputés hantés qu'il avait visité.
Ce n'était pas la première fois que Per fréquentait de tels lieux et il s'était depuis longtemps habitué à de telles ambiances; c'était là son élément naturel, ce qui contribua à le détendre quelque peu malgré la présence du prêtre.

[Premier post]

Un petit pas, celui d'une petite souris pressée, se fit entendre. Puis la porte qui donnait sur la cuisine s'ouvrit et un plan de rhubarbe entra.
Moira avait toujours un peu de mal avec l'organisation, et porter une brassée de rhubarbe devenait pour elle un exercice périlleux. Les larges feuilles lui coupaient complètement la vue, et elle ne remarqua pas qu'il y avait des nouveaux venus dans la pièce.
En habituée des lieux, elle se dirigea à l'aveuglette vers le comptoir qui se trouvait là, sur lequel elle posa sa rhubarbe.

Elle poussa un petit soupir avant de se retourner et de s'arrêter net. Ses yeux s'écarquillèrent tout grand et elle regarda d'un air inquiet le prêtre puis l'autre homme, puis le prêtre...
De tout le temps où elle était au service des Chattan, elle n'avait jamais vu autant de monde...
Mais elle se reprit assez vite.

"Oh... Vous êtes déjà là..."

Elle secoua la tête et sourit.

"Asseyez-vous, je vous en prie... A l'office, nous mangeons généralement ce qui revient de la table principale, mais aujourd'hui il y a encore de la tarte que j'ai faite ce midi... Au bœuf, cela vous convient-il ?"

En disant cela, Moira continuait à s'affairer. Elle avait sorti quatre assiettes, des verres et des couverts. Après un instant d'hésitation, elle en rajouta un cinquième.

"Il vous faudra deux chambres aussi... Je vous les montrerais après le dîner si cela vous convient."

Elle avait fini de sortir des serviettes et s'arrêta de nouveau brutalement pour regarder le prêtre et l'autre homme d'un air à la fois gêné et inquiet. Une légère rougeur monta à ses joues alors qu'elle reprenait.

"Enfin... à moins que vous ne soyez venus ensemble..."

[Le Hall]

Logan laissa passer l'homme en noir et l'autre homme devant lui. S'il les laissa entrer en premier dans la pièce, c'était non seulement par politesse mais aussi parce qu'il ne connaissait pas les lieux et c'était presque par un réflexe de protection.

Il pénétra dans la pièce à leur suite, juste quand le père toussota légèrement avant de marmonner quelque chose où il était question de déranger.

Logan ouvrit la bouche pour répondre mais resta bouche bée devant l'arrivée de la jeune femme emmitouflée dans les grandes feuilles de rhubarbe.

Quand elle leur proposa de s'asseoir, Logan resta debout, toujours bouche bée. Il ne savait pas si cela s'adressait également à lui, il ne savait pas ce qu'il devait faire, il ne savait plus ce qu'il faisait là.
Devait il aller s'occuper du service du dîner ? Devait il s'asseoir ici ? La jeune femme devait le savoir, elle.

Logan ne la quittait plus des yeux, positionnant son regard interrogatif sur le visage au demeurant charmant de la jeune femme à l'air débordé.

Seule l'idée de la tarte au boeuf qui lui donnait l'eau à la bouche, lui semblait vraiment importante.

(Tour de post : Logan - Irvine - Per - Moira)

En entendant la servante, un grand sourire fendit sa face.

"Cela sera amplement suffisant, je crois. C'est bien aimable de votre part de nous loger !"

Puis, voyant l'hésitation de l'homme resté à la porte, il écarta légèrement une chaise comme pour l'inviter à s'asseoir.
Il n'avait jamais été doué pour les relations humaines, c'était visible...

[Le pont couvert]

Attirée par la lumière comme un papillon de nuit, Nuala frappa trois coups discrets à la lourde porte de bois. Impatiente, elle n'attendit pas de réponse et entra sans s'annoncer.

Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à une petite assemblée de quatre personnes, elle qui pensait ne trouver - encore un coup de son imagination - qu'un vieux domestique et sa femme mangeant seuls à l'office ! A l'avenir elle modérerait son imagination.

Consciente de ce que son intrusion avait de brutal et de totalement impoli, la jeune femme adressa un sourire gêné à la tablée, piquée devant la porte, mais gardant toute sa prestance d'aristocrate.

"Je vous prie de m'excuser... Mais il n'y a pas âme qui vive dans les environs, et je commençais à me demander ce que j'allais bien pouvoir faire."

Elle s'approcha, continuant son explication qu'elle espérait claire.

"J'ai eu un accident, sur la route, un peu plus haut...Me serait-il possible de téléphoner ?"

Elle espéra ardemment une réponse favorable. Dieu, que le téléphone était une invention admirable ! Mais y en avait-il seulement un dans cette maison ?...

Irvine regarda tour à tour toutes les personnes qui pénétrèrent dans la pièce. Tout d'abord, l'homme qu'il avait déjà croisé dans le hall et qui semblait lui aussi être là un peu à l'improviste. Le prètre se rendit compte qu'il le rendait mal à l'aise et que l'homme évitait soigneusement son regard. Irvine essaya de faire naître un sourire accueuillant sur son morne visage mais il ne réussit guère plus qu'à étirer ses lèvres en lames de couteaux.
Peu de temps après, une jeune femme, les bras chargés de rhubarbe pénétra dans la pièce, elle semblait être une domestique de la demeure. Irvine la salua discretement d'un hochement de tête.

" Tout ce que le Seigneur a la bonté de mettre sur ma table est toujours accepté avec la plus grande joie, ne vous inquietez pas pour moi. "

Puis il entendit la drole de proposition de la jeune femme sur une chambre pour lui et l'autre homme. Il regarda la jeune femme droit dans les yeux et il lui répondit calmement de sa voix grave.

" Je n'ai que le Seigneur pour compagnon la nuit. Mais si pour une raison de place il faudrait que nous fassions chambre commune celà ne me poserais aucun problème."

Irvine tourna un peu la tête et vit l'homme qui les avait mené ici, Mr Carragaheen, qui observait la servante et attendait visiblement une instruction.
Finalement, pensant que tout le monde était arrivé, le père s'assit à table et dit :

"Au je ne me suis pas présenté, je suis le père Irvine Anderson..."

Irvine attendait implicitement que les autres personnes fassent de même et entament ainsi une conversation. Avant que quiconque eut le temps de dire quoi que ce soit, une femme entra dans la pièce et semblait visiblement un peu alarmé. Le prètre écouta son histoire et le temps que les personnes responsables lui indiquent ou se trouve le téléphone, il essaya de rassurer la personne :

" Je vous en prie prenez un siège et calmez vous, vous n'êtes plus seule maintenant, je suis sur que les gens de cette maison vont pouvoir vous aider."

La légère rougeur qui était monté aux joues de Moira se transforma dès que le prêtre posa les yeux sur elle en fard monumental...

Pourtant, elle s'était détendu sous les paroles rassurantes des hommes de la table, qui assuraient que tout allait bien... Elle avait sourit. Elle avait même fait signe à Logan de s'asseoir.

"Vous pouvez vous asseoir Monsieur Logan, Monsieur m'a dit qu'il vous avait embauché comme jardinier. Vous pouvez vous reposer ce soir, vous devez être bien fatigué..."

Mais le regard du prêtre, perçant et direct, suffit à lui donner envie de disparaître sous terre. Rien que pour éviter d'être clouée au mur par ces yeux inquisiteurs.
En plus, elle se rendait compte que sa question avait été très indiscrète, très peu correcte. Elle avait terriblement honte de l'avoir posée et la réponse du prêtre calme mais terriblement claire (presque plus direct que la question, il ne cherchait pas à faire comme s'il n'avait pas compris...) lui donnait envie de filer dans le trou d'une souris...
Une partie d'elle avait envie de se défendre de ce qu'elle ressentait comme une attaque, de crier "je ne pouvais pas savoir, moi !" Mais une autre partie d'elle savait bien qu'elle aurait dû savoir...

Elle en était là à tortiller le bout de son tablier et à marmonner quelque chose comme "oh, il y a de place, il y a de la place", lorsque, Dieu soit loué, une diversion arriva à point nommé...

Une femme, "de la haute" à n'en pas douter, venait d'entrer avec fracas. Moira avait profité du fait que le Prêtre se soit tourné vers la jeune femme pour plonger dans les placards à la recherche du reste plus que généreux du pâté en croûte au bœuf du midi...

Elle le posa sur la table et avança une chaise de plus devant le cinquième couvert. Elle arborait un sourire avenant, jusqu'à ce que la femme mentionne la volonté de téléphoner.

Moira pâlit et agrippa de nouveau le bas de son tablier.

"Téléphoner ?..."

Une vague d'angoisse venait de naître dans ses entrailles et de la submerger toute entière. Elle respirait à peine et regardait la nouvelle venue un peu comme s'il s'était s'agit d'une sorcière.

"Non, je ne crois pas... je ne crois pas que l'on puisse faire ça ici..."

Moira eut un sourire un peu forcé et prit une inspiration un peu plus grande avant de continuer.

"Mais vous pouvez vous installer pour vous reposer, vous restaurer... Servez-vous, tout est sur la table... Je... Je vais demander à Monsieur..."

En parlant, Moira s'était peu à peu reculée vers la porte, à tâtons elle chercha dans son dos la poignée et ouvrit la porte.

"Servez-vous..."

Elle fit un geste général pour encourager tout le monde à se servir sans manière.

"Excusez-moi..."

Et elle sortit en fermant soigneusement la porte derrière elle.

[La salle à manger]

[Tour de post : Logan, Per, Nuala, Irvine, Moira]

Per eut un léger frisson en voyant que le prêtre tentait de sourire (avec un manque total de pratique et de conviction, c'était visible).

*J'espère que ce n'est pas un de ces intégristes de la religion qui, en d'autres temps m'auraient condamné au bûcher... Je n'ai jamais de chance avec ces gens-là*

L'arrivée de la femme provoqua une diversion des plus bienvenues, car il détestait l'idée que le père Anderson continue à le fixer.

*Un croque-mort. Ce type ressemble à un croque-mort. Ou une chauve-souris. Une chauve-souris géante avec des ailes grandes comme ça.*

Il décida cependant d'ignorer sa présence au moins pendant le repas, et se servit à son tour.
La réaction de la servante le plongeait dans des abîmes de perplexité; cet endroit était-il à ce point isolé pour qu'elle n'ait jamais entendu parler du téléphone?

(Désolée pour l'attente...)

Nuala observa avec curiosité le visage de la petite bonne se décomposer lorsqu'elle mentionna le téléphone. Elle comprit immédiatement qu'elle devrait faire sans.

*Qu'importe ? J'ai au moins trouvé un toit pour la nuit, car je suppose qu'on ne va pas me jeter dehors...*

Encouragée par la jeune fille qui l'invitait à se servir, Nuala lui adressa un sourire qu'elle voulut rassurant. Cela ne faisait vraiment rien s'il n'était pas possible de téléphoner, pas la peine de se mettre dans un état pareil. Mais Moira s'était déjà enfuie, et son départ précipité laissa Nuala dans une certaine perplexité. Cependant, elle vit qu'elle n'était pas la seule à s'interroger sur l'étrange comportement de la petite bonne, et cela suffit à la rassurer sur ce point.

Suivant le conseil d'un prêtre qui se trouvait attablé, elle prit place à la table. Le ton paternaliste de l'homme ne lui plaisait pas. Avait-elle donc eu l'air si affolée ?

"Je vous prie encore d'excuser mon arrivée...impromptue ! Mais l'idée de passer la nuit dehors ne me réjouissait guère..."

Elle imita Per et Logan, et se servit elle aussi. Tout en mangeant, elle observa avec curiosité les visages qui lui faisaient face. Le prêtre, avec son visage taillé en lame de couteau. Un deuxième homme à la large carrure. Un troisième, dont le visage lui sembla doux et rêveur.

"Est-il indiscret de vous demander ce qui vous amène dans cette maison ? Oh, je ne me suis pas présentée... Nuala Barlow." dit-elle en souriant.

Irvine observa la réaction des gens suite à sa répartie auprès de la jeune servante. Il savait que sa réponse pouvait être choquante et qu'elle était rude mais celà lui permit de voir l'état d'esprit des personnes autour de la table même si pour cela il sentit que plusieurs personnes se mirent presque instantanement à le haîr. Irvine ne s'en souciait guère, son occupation était celle d'un homme solitaire et qui le resterait tout le reste de sa vie.
Il remarqua la réaction de la servante à la mention du téléphone mais ne le montra pas.

* Voilà un indice de plus quant à l'interet de ce lieu...*

Les gens se servirent et commencèrent à manger, Irvine remarqua qu'aucun ne faisait une prière avant de commencer à manger. Il ne s'en étonna pas et par les temps actuels le comprenait très bien. Finalement, il se servit une petite part de pâté de boeuf et fit une prière silencieuse avant de commencer à manger.
Depuis quelques années il n'arrivait plus à manger beaucoup, certainement le contre coup de ces nombreux voyages. Il apprécia pourtant pleinement ce repas . Il entendit la question de la jeune femme accidentée et y répondit calmement :

"Pour ma part, je suis un prêtre itinérant et mes pas m'ont guidé jusqu'ici et j'ai entendu parler de cette endroit et de l'église qui se trouve à proximité. Malheureusement; je me suis bêtement laissé surprendre par la nuit et je suis venu demander asile en cette demeure."

[La salle à manger]
(hj : peut-être que si certains veulent faire leur présentation, ils peuvent dire que c'était avant le retour de Moira ?)

Moira était resté un instant devant la porte à se forcer à reprendre sa respiration.
Il fallait qu'elle soit forte et courageuse. Le Prêtre avait l'air très méchant, mais il était forcément très gentil. Les autres personnes étaient nombreuses, mais il n'y avait pas de raison de ne pas se comporter comme d'habitude. Et même s'ils étaient méchants avec elle, Monsieur Lain serait là pour les empêcher de lui faire trop mal. Et même s'il ne la croyait pas, elle saurait se défendre. Et même s'il elle ne savait pas se défendre, elle pourrait toujours partir en courant.

Tout allait très bien.
Moira ouvrit donc avec énergie la porte.

"Tout va bien ? Il y a assez pour tout le monde ?"

Grand sourire et voix sautillante, finalement, c'était plus facile qu'elle ne l'avait imaginé.
Visiblement, tout le monde s'était servi et mangeait de bon cœur. Moira sourit. Son travail servait à quelque chose au moins.

Elle se figea soudain en se souvenant du petit problème des chambres et reprit avec une voix beaucoup moins assurée.

"Heu... en revanche... il n'y aura pas assez de chambre alors... Enfin, je vous montrerai après le repas, n'est-ce pas ?"

Grand sourire légèrement crispé, et mains désespérément accrochées au tablier. Elle se força à repenser aux paroles de Lain "Soyez sans crainte Moira".

Elle plongea vers le vin un peu ordinaire pour le poser sur la table. Et s'aperçut qu'elle avait aussi oublié le pain. Nouveau plongeon dans un autre placard.

"J'ai oublié quelque chose encore ? Surtout n'hésitez pas à me poser des questions si vous en avez..."

Elle eut un petit rire gêné et remis une mèche en place en se disant que ce n'était peut-être pas une bonne chose étant donné qu'elle n'était pas sûre d'avoir les réponses, mais enfin...

[Le pont couvert]

Une silhouette élancée, vaporeuse apparut sur le pas de la porte. Au son des voix, la jeune femme jugea qu'elle devait se trouver en présence d'au moins 3 personnes. Elle resta un moment figée sur le pas de la porte; prenant conscience de l'inconvenance de sa brusque arrivée.
Après un moment de flottement, elle se présenta, en un murmure lointain;
"Je me nomme Lucy Dansley. Un petit garçon m'a ammené jusqu'à cette demeure. "

Elle n'ajouta rien d'autre. Elle ignorait totalement en présence de quel genre d'individus elle se trouvait et il était toujours délicat, dans ces situations de trouver le mot juste sans avoir l'air grotesque.

Le goût du pâté de boeuf lui semblait exquis et Logan en venait à oublier la sombre présence de l'homme en noir à sa table. Bouchée après bouchée, son assiette se vidait rapidement au fur et à mesure qu'il remplissait son estomac. Il ressentit de nouveau cette impression étrange de se sentir le ventre plein, habitué comme il l'était depuis bien longtemps à partager sa vie avec ce creux continuel à l'estomac.
Depuis quand Logan n'avait il aussi bien mangé ? Peu importait, il se régalait.

Son attention se recentra sur le prêtre lorsqu'il répondit à la jeune femme qui cherchait un téléphone (cette simple idée suffisait à faire sourire Logan ! Il n'avait jamais vu de téléphone de sa vie... Alors en trouver un ici !).

Ainsi le Père 'Chauve-Souris', noir et mauvais comme un corbeau, s'était fait surprendre par la nuit... et la douce Belig lui avait offert l'hospitalité. S'il cherchait une église à proximité, c'est qu'il ne comptait pas rester ici bien longtemps. Cette idée rassura Logan qui répondit ensuite rapidement, entre deux bouchées du sublime pâté de boeuf :

"Je suis le jardinier... Je m'occupe du jardin !"

Ca tombait sous le sens.
La porte s'ouvrit à nouveau sur la petite bonne qui souriait. Logan répondit au sourire de la créatrice de ce repas qui exposa de nouveau le problème des chambres.

*Bah, tant que je ne partage pas la mienne avec le Seigneur et son corbeau...*

Logan était sur le point d'expliquer à l'assemblée qu'il risquait de ronfler après un aussi bon repas, cherchant ainsi à dissuader quiconque de partager son intimité nocturne, quand la bouteille de vin que Moira déposa sur la table, le recentra sur l'essentiel.
Sa grosse main s'en saisit afin de se servir un verre... copieux. Il ne la reposa que pour attraper le pain dont il se coupa une large tranche.

Le grand couteau posé sur la miche, prêt à entamer de nouveau la croute, Logan allait en proposer autour de lui quand une inconnue entra dans la pièce.

*C'est un véritable moulin ici !*

Per termina son assiette en quelques coups de fourchette (quand on voyage sur ses propres frais, on apprend vite à se contenter de peu) et s'appuya pensivement sur son coude, observant d'un oeil vague ce qui se passait autour de lui tout en laissant traîner une oreille discrète, sauf dans le voisinage du prêtre.
Dieux qu'ils étaient ennuyeux ces gens!
Son attention papillonna un moment autour du problème des chambres (il plaignait déjà celui qui allait devoir partager la sienne) puis alla vagabonder autour de la table, glanant par-ci par-là quelques informations.

*Ainsi donc maître Croque-Mort s'est fait surprendre par la nuit... Apparemment c'est également le cas de pas mal de monde ici.
Comme si c'était le fruit du hasard... Etrange, vraiment. Des gens qui ne se seraient probablement jamais rencontrés auparavant sont assis à la même table. Je me demande où tout cela va nous mener.
Mais ça risque d'être distrayant... *

Per se redressa légèrement lorsque la servante revint, puis s'affaissa un peu plus, les yeux dans le vague.

*Je me demande si monsieur Croque-Mort n'a pas fait un séjour dans son propre cimétière... Avec une allure pareille on s'en doute...*

Puis il fixa d'un oeil songeur le verre du jardinier qui se remplissait, détailla la jeune femme qui venait d'entrer, et laissa ses pensées se perdre dans les méandres tortueux de son esprit comme il en avait l'habitude en présence de ses semblables.

La jeune fille qui tenait apparemment l'office revint en coup de vent, tout aussi rapidement qu'elle était partie.

Il n'était que quatre dans la pièce, et la maison paraissait vaste. Nuala en déduisit que les propriétaires devaient actuellement dîner, en compagnie d'autres personnes.

L'empressement de la jeune servante l'amusait. La jeune fille était zélée, prête à tout pour satisfaire les hôtes et ses employeurs. Peut-être cela tenait-il simplement à son naturel serviable ? Nuala lui sourit et la remercia. Elle n'avait besoin de rien.

"Je ne vois aucun inconvénient à partager une chambre, dit-elle en réponse à la question de la jeune fille . Il y a donc d'autres... arrivants ?"

Nuala dévisagea tour à tour les 3 personnes attablées... Le prêtre, qui parlait toujours d'une voix d'un calme inquiètant. Le jardinier, assez rustre d'après sa façon de manger, de se tenir...et de parler. Un autre homme, qui ne s'était pas présenté. C'était tout.

Erreur.
Bientôt ils seraient cinq. Une jeune femme venait de faire irruption dans la pièce.

Irvine mangea discretement et en prenant son temps. Il écouta les diverses présentation et remarqua qu'elles étaient relativement brêves. Seule, la jeune femme qui cherchait un téléphone cherchait la discussion. Puis il entendit la jeune servante dire qu'il devrait partager une chambre avec quelqu'un cette nuit, il acquieça doucement de la tête et ne fit pas de remarque superflue, elle semblait suffisement génée. Elle déposa du vin et du pain sur la table mais Irvine se contenta d'un peu d'eau.
Irvine commençait à sentir un petit grattement lui venir du fond de la gorge.

*Seigneur faites que je n'ai pas une crise maintenant...*

Un jeune femme aveugle pénétra dans la pièce, Irvine voulut dire quelque chose mais, il sentait la toux venir. Il se concentra, essaya de se détendre, se changea les idées. Mais inéxorablement la toux se faisait sentir et celà n'allait pas être une petite crise.
Finalement, vint l'inévitable, peut être même pire que s'il ne s'était pas retenu. Irvine commença à tousser. Il plaça sa serviette devant sa bouche. La toux gagna en force et en rythme.
Irvine avait du mal à respirer, Il se courba sur sa chaise, son front presque posé sur la table, le corps prit de soubressauts. Dans un effort qui lui parut inhumain, il se leva et quitta la table, ne voulant pas imposer ce spectacle aux personnes ici présentes. Il alla dans un coin de l'office et continua à tousser appuyé contre un mur.
Pendant les rares accalmies, il essyayait de reprendre son souffle et crachait un peu de sang dans la serviette.
En cet instant le prêtre malgrè toute sa force de volonté et son apparence, semblait aussi vulnérable qu'un mourant.

Moira avait continué de papillonner sans arrêt, disparaissant brusquement de l'office pour aller servir des plats aux salons ou aller les chercher à la cuisine. Elle suivait tout de même ce qui se disait à l'Office, et essuyant ses mains sur son tablier, elle avait commencé de répondre à la dame Nuala.

"Oh oui, il y a beaucoup de monde aujourd'hui, il y a aussi une dame très belle, et un monsieur avec une casquette de marin, et aussi un jeune homme blessé, et aussi..."

C'est à ce moment qu'une personne de plus entra par la porte.
Un peu surprise Moira la regarda avec des grands yeux, attendant une explication qui ne manqua pas d'arriver.

"Un petit garçon ? Oh... un petit garçon..."

Moira sourit doucement.

"Entrez, entrez..."

C'est là que quelque chose dans le maintient de la tête, l'hésitation de la position, la fixité du regard, frappa la petite servante qui comprit enfin.

"Oh vous êtes aveugle !"

Moira avait tendance à réfléchir après avoir parlé, ce qui lui valait sans cesse de devenir rouge comme une pivoine.

"Enfin, je veux dire... Vous... enfin... je ne voulais pas, mais... heu... entrez, entrez..."

Toujours rouge, Moira décida d'agir, et après avoir légèrement touché la main de la jeune femme, elle la prit, et la conduisit à une chaise.

"Asseyez-vous... si vous avez du traverser la lande jusqu'ici, cela ne doit pas être facile..."

D'ailleurs, ses vêtements étaient un peu tâchés. Du travail en plus en perspective. A cet instant, Moira réalisa que si les visiteurs restaient quelques jours, elle allait avoir à faire beaucoup de lessives. Prise d'un léger vertige, elle s'agrippa au dossier de la chaise auprès de laquelle elle avait conduit Lucy.

Plus qu'une seule pensée occupait son esprit "Pourvu que Logan soit volontaire pour m'aider" ce qui fait qu'elle ne remarqua la toux du prêtre que lorsqu'il se trouva presque courbé sur la table et qu'il se leva.

Une expression entre l'horreur et la compassion se peignit sur son visage, alors qu'elle regardait, les yeux écarquillés, la bouche en O, une petite main placée devant, le prêtre qui semblait soudain si fragile et dont la serviette se teintait de rouge.

"Oh... Pauvre Père..."

Reprenant subitement ses esprits, elle se précipita vers un placard en coin de l'office, et en sortit une fiole d'un liquide d'un ambre clair, remède de grand-mère dont la recette remontait à la nuit des temps et dont elle versa une partie dans un verre.

Elle se rapprocha du prêtre, et après une infime hésitation, posa une main timide sur la manche de la soutane (l'épaule du prêtre étant bien trop haute pour elle).

"Tenez, buvez..."

Craignant sans doute un refus, elle plaça de force le verre dans la main d'Irvine, et poussa la-dite main vers le haut.

"Buvez... C'est un remède, avec du miel, et... d'autres choses. C'est bon contre la toux... Buvez s'il vous plait..."

Moira parlait d'une voix douce, inquiète, son petit visage tourné avec une espérance enfantine vers celui du prêtre. Elle continuait de lui tenir le bras, pour montrer qu'elle était là, pour servir d'appui et pour éviter que le contenu du verre se renverse avant d'être bu.

[Tour de post libre. Veillez seulement à ne pas abandonner quelqu'un hors de la conversation...]

"Oh oui, il y a beaucoup de monde aujourd'hui, il y a aussi une dame très belle, et un monsieur avec une casquette de marin, et aussi un jeune homme blessé, et aussi..."

Du beau monde, à n'en point douter. Etrange comme une maison perdue au fin fond de la lande pouvait abriter tant de monde !

La conversation s'enlisait. Enfin, non : elle ne démarrait pas. Les convives n'avaient pas l'air très causants. Le jeune homme perdu dans ses pensées, le jardinier occupé à rassasier son corps imposant. Et le prêtre. Le prêtre qui se mit à tousser, d'une toux innatendue. Nuala vit le mouchoir de l'homme se teinter de rouge. L'homme crachait du sang. La jeune femme sentit sa tête lui tourner. Le front de William était de la même couleur.

Elle se leva en chancelant. La petite bonne s'empressait autour d'Irvine. Il était entre de bonnes mains. On étouffait dans cette pièce. Elle abandonna son assiette à demi pleine. Son pas n'était plus aussi assuré qu'à l'arrivée, et elle sortit de la pièce en catimini. Sa pâleur soudaine pourrait laisser entendre aux autres qu'elle devait prendre l'air...

[le jardin]

Logan, après avoir jeté un rapide coup d'oeil à la nouvelle arrivante, se découpa une grosse tranche de pain, bien décidé à continuer son repas sans se laisser distraire par l'animation qui l'environnait.

Il entreprit ensuite d'essuyer méticuleusement avec la mie les quelques miettes de pâté éparpillées dans son assiette.
La qunite de toux de l'homme en noir qui, malgré son mauvais esprit faisait preuve de suffisament d'éducation pour aller cracher ses poumons ailleurs que sur la nappe, lui fit redresser la tête de nouveau.

**Le Bon Dieu te punirait il pour la noirceur de ton âme, hein, corbeau ?**

Logan en venait presque à soupconner le prêtre de vouloir attirer l'attention sur lui, jaloux qu'il était que la dévouée jeune femme de la maison s'occupe de l'infirme qui venait d'arriver, la guidant avec douceur jusqu'à la table.

Il constata qu'elle le regardait étrangement, comme si elle attendait quelque chose ou cherchait une aide de sa part. Logan prenant soudainement conscience de son égoîsme s'adressa à la jeune aveugle qui venait de s'asseoir, haussant la voix afin de couvrir la toux du 'Pauvre Père' :

"Désirez vous quelque chose à boire ? Un verre de vin ? Vous devez avoir très soif ? Et très faim également... Un petit morceau de pâté vous fera le plus grand bien."

Déjà, il servait un petit verre de vin pour la jeune fille, sans quitter du coin de son oeil admiratif la servante qui s'était ruée sur le corbeau croassant afin de lui administrer un remède.

C'est à cet instant que l'autre jeune femme, celle qui était prête à partager sa chambre (et Dieu sait que Logan aurait volontiers accepté d'aller jusqu'à partager sa couche), se leva, s'appuyant à la table et se dirigeant en chancelant jusqu'à la porte.

Logan qui coupait maintenant une large part de pâté pour l'aveugle se sentit soudainement débordé par toutes ces faibles femmes qui avaient bien besoin du soutien d'un chevalier servant, un homme, un vrai (pas comme l'envoyé du Seigneur qui ne savait que se faire plaindre) :

"Tout va bien, mademoiselle ?"

Mais avant qu'il ne puisse se lever, elle quittait la pièce sans répondre.

L'agitation qui suivit suffit à peine à ramener Per su terre.
Il jeta un regard un peu ahuri autour de lui, vit le prêtre pris d'une violente quinte de toux et frémit en voyant sa serviette piquetée de rouge.
Non pas qu'il lui en coûte d'aider le pauvre homme, mais sa soudaine faiblesse ajoutait à sa présence inquiétante un vague sentiment de répulsion.

"Vous devriez peut-être prendre l'air" suggéra-il timidement.

Le prêtre continua à tousser encore un long moment. Il accepta le verre que lui tendait la servante avec plaisir. Il but doucement et sentit le doux liquide lui couler dans la gorge. Cela calma sa toux en grande partie mais il était toujours secoué de hoquet. Il regarda Moira avec des yeux plein de gratitude et entre deux hoquets, il lui parla d'une voix encore plus rauque qu'à son habitude, le faisant vraiment passer pour un corbeau :

" Je vous remercie ma fille. Mais veuillez m'excuser, il faut que je me repose un peu."

Il posa sa main sur l'épaule de la servante et lui fit un sourire avant de quitter la pièce pour pouvoir reprendre son calme et ses forces.

[Grand Salon]

Moira regarda le prêtre partir un peu inquiète. Elle l'aurait bien accompagné jusqu'au salon, mais il avait l'air d'être fier. Peut-être même susceptible. Il ne voulait sans doute pas montrer qu'il était faible.

Moira eut un petit soupire et regarda Logan et Pier en souriant.

"Le pauvre homme..."

Elle haussa un peu les épaules et se mit à tout ranger avec efficacité, tout en continuant à donner des recommandations..

"Alors surtout, si vous avez besoin de quelques choses, n'hésitez pas à me demander. Si vous ne savez pas où je suis dans la maison, vous n'avez qu'à sonner, il y a des petites sonnettes dans la maison, et je viendrais tout de suite."

Elle connaissait par cœur sa cuisine visiblement car tout fut lavé et rangé avec une rapidité sans pareille.
Elle balaya le tout d'un regard impérial, vérifiant que rien ne lui avait échappé, avant de pousser un petit soupire satisfait.

"Voilà ! Je vais préparer les chambres maintenant..."

Elle sortit de la pièce pour réapparaître immédiatement et montré du doigt le timbre doré fixé sur le mur.

"N'oubliez pas, hein, si vous avez besoin de moi, trois coups, et j'arrive !"

Elle ajouta un petit clin d'œil et s'éclipsa pour de vrai cette fois.

[Exit Moira]